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Le député Benjamin Haddad : « Wagner est une organisation terroriste »

INTERVIEW. L’élu de Paris à l’Assemblée nationale défendra mardi, avec des collègues centristes, LR et écologistes, le vote d’une résolution qualifiant la milice russe Wagner d’organisation « terroriste ». François Clemenceau 06/05/2023 à 22:14   


Le groupe Wagner est-il vraiment comparable à une organisation comme Daech au point de le faire entrer dans la même catégorie ? 

Il faut nommer les choses. Wagner est une organisation terroriste qui commet des exactions et des massacres contre des civils, qui intimide et terrorise les populations, qui soutient des régimes brutaux en Afrique et au Moyen-Orient ainsi que la guerre d’agression de Vladimir Poutine en Ukraine. Notre résolution est un message politique de la France, d’autant que notre pays a été directement visé par Wagner dans notre engagement au Sahel. Adopter cette résolution, c’est aussi se donner la possibilité de renforcer nos instruments juridiques, au niveau européen, pour mieux lutter contre cette organisation tentaculaire. Une résolution comparable a déjà été adoptée par le Parlement lituanien le mois dernier. Nous souhaitons, à travers cette résolution transpartisane, rappeler que la France est pilote dans la solidarité avec l’Ukraine. À charge pour nos industriels de répondre à la demande en accélérant leur cadence de production et d’entrer enfin dans une économie de guerre.


Est-ce la raison pour laquelle vous souhaitez également réabonder le fonds de soutien spécial à 

l’Ukraine ? 

Ce fonds de 200 millions d’euros est un dispositif agile et innovant qui a fonctionné : il permet à l’Ukraine de se fournir directement auprès de nos industries de défense sans appauvrir nos propres stocks. Il s’ajoute aux livraisons directes de matériel ou au soutien aux fonds européens par la France. Cette somme a permis aux Ukrainiens de s’équiper en radars, canons Caesar et munitions mais il est arrivé presque à épuisement. J’espère que le gouvernement le réabondera à la même hauteur. À charge pour nos industriels de répondre à la demande en accélérant leurs cadences de production et d’entrer enfin dans une économie de guerre telle que l’avait souhaitée le président de la République l’an passé. Il faut continuer à soutenir l’Ukraine pour que sa contre-offensive annoncée soit victorieuse et permette d’avoir le rapport de forces le plus favorable sur le terrain.   


Soutenez-vous également le plan du commissaire européen Thierry Breton visant à doper la production de munitions au profit de l’Ukraine malgré son montant de 500 millions d’euros qui paraît modeste ?

Ces 500 millions ne sont que le troisième volet d’un plan plus vaste de 2,5 milliards. Un milliard vise à faciliter le déstockage des armées européennes, un autre milliard à financer de nouvelles commandes de munitions et 500 millions, donc, pour inciter les industries de défense européenne à produire un million de munitions par an au profit de l’armée ukrainienne, qui consomme jusqu’à 5 000 obus par jour pour se défendre. C’est un enjeu majeur pour l’Ukraine, mais aussi pour nous. Le président Macron a éveillé les consciences européennes sur la nécessité pour notre continent de rester dans l’Histoire, de ne pas être un théâtre passif des rivalités des grandes puissances : de savoir assumer sa propre sécurité. Pour beaucoup de nos partenaires, en particulier dans l’est et le nord de l’Europe, la crédibilité de cette autonomie stratégique européenne est liée à notre capacité à soutenir l’Ukraine dans le long terme.